Blue Demon (Terreur sous la mer) est un film d'horreur de 2004 réalisé par Dan Grodnik et produit par Regent Entertainment.
Il dure 87 minutes avec un budget estimé à 650 000 dollars.
On peut voir dès le début du film une inspiration directe du Peur Bleue de 1999, qui pour changer la donne dans les films de requins depuis Jaws, avait introduit la notion innovante de l'expérience génétique qui foire et qui transforme les requins en monstres déjantés. Nous avons donc ici un équivalent avec des scientifiques qui modifient des requins blancs dans le but de les dresser à neutraliser toute menace nucléaire terroriste qui viendrait de la mer ; oui le scénario est déjà assez capillotracté, mais le contenu additionnel fait empirer la fausse bonne idée en cauchemar... Un accident (intentionnel) libère les requins de leur enclos (qui pour l'anecdote est constitué de clôtures électriques sous-marines, je savais pas que c'était possible) et ces derniers décident de faire un road trip le long de la côte en toute liberté, ce qui n'est pas pour arranger les scientifiques responsables du projet !
Mais voilà justement le premier bémol de l'histoire ; à part vadrouiller dans l'océan à travers des scènes répétitives, les supposés monstres ne foutent rien et ne font que terroriser quelques autochtones et en mâchouiller un ou deux (c'est un film d'horreur quand même) mais pas suffisamment pour que l'on ait notre dose d'hémoglobine et de violence. En effet il s'avère que les requins ont deux de tension et ne font que s'approcher des personnes avant de s'en aller tout aussi nonchalamment, en oubliant de les attaquer... C'est un peu ironique pour un film supposé faire peur !
Le scénario se base également sur une théorie du complot grotesque, incarnée par une caricature d'un général de l'armée taré et patriote, qui veut se servir des requins pour poser des bombes au plutonium sur la côte (et apparemment ça se trouve facilement ce genre de bombes, même pour un général), avec en second plan une romance adolescente entre les deux principaux protagonistes séparés récemment qui se redécouvrent au fur et à mesure que le film avance et qui tombent dans les bras l'un de l'autre à la fin... Bref, on s'en branle complètement de leur histoire qui est là uniquement car le scénariste a trouvé que les requins stones n'étaient pas suffisants pour pourrir assez le film...
On termine enfin le film (qui semble interminable à cause de sa nullité et de son niveau intellectuel proche d'un poulpe paraplégique) avec les requins qui meurent d'un coup sans qu'on les voit et le méchant général qui trépasse à cause de sa propre bombe tout en faisant un salut à l'américaine. Si à cela vous rajoutez la scène finale où la meuf justifie le projet de défense du territoire avec en arrière-plan le drapeau américain, oui le film est un tantinet patriotique..
Réalisation : Première chose à signaler ; apparemment Dan Grodnik a voulu faire de ce film une parodie, mais en oubliant la règle d'or d'une parodie : c'est censé faire rire... Et l'humour racle le fond avec des vannes bien lourdes et des punchlines archétypes.
Les effets spéciaux comme on pouvait s'y attendre sont dégueulasses avec des requins entièrement numérisés qui ressemblent plus à des dugongs qu'à de véritables grands requins blancs. Une multitude de plans trop rapprochés offre un sentiment d'amateurisme de la part des cadreurs, comme la présence de plusieurs scènes absolument inutiles, comme celle de Paul et Virginie qui vont se baigner et avouer que c'est la première fois qu'ils embrassent quelqu'un... Attendrissant, mais on est pas là pour voir les tendres étreintes de deux puceaux refoulés (à ma grande déception ils ne se font même pas grailler une jambe, car un remake de Crocodile Dundee vient les sauver en harponnant la bestiole) mais pour voir du sang et des larmes, ce qui n'arrive pas ; vu le budget le réalisateur a été obligé de restreindre la quantité de ketchup achetée...
Concernant les requins, à part les mêmes scènes en CGI où ils se suivent sous l'eau, on a le droit à des plans sur des ailerons à l'évidence en carton qui avancent moins vite qu'une musaraigne, ce qui nous amène d'ailleurs à signaler la multitude de problèmes de coordination entre les ailerons paresseux et les requins sous l'eau qui avancent à vitesse grand V, tout ça dans la même scène... Bref, la réalisation est à chier.
Bande-son : A part la musique d'intro qui est de toute évidence "inspirée" (pour ne pas utiliser le mot copyright) de la musique de Jaws (ainsi que le reste de la scène), les autres sont un peu trop variées, alternant musique angoissante et dramatique avec mélopée relaxante digne de la Petite Maison dans la Prairie sans le moindre avertissement.
Jeu des acteurs/Personnages : A la surprise générale, un jeu d'acteur éblouissant et prenant, qui provoque l'empathie la plus profonde du spectateur envers ces pauvres personnages livrés à eux-mêmes, d'ailleurs le film a remporté l'Oscar du meilleur... Non mais plus sérieusement c'est un véritable désastre avec des acteurs absolument pas convaincants, superficiels au possible, que l'on peut résumer en une bande de scientifiques possédant le QI d'un mulot cuit et qui doivent gentiment suivre les conseils du réalisateur sans une once d'implication personnelle.
Le préposé au casting a pensé qu'intégrer un acteur nain dans l'équipe en tant que caricature du boss casse-burnes serait un atout pour l'aspect humoristique du film ; il aurait mieux fait de se pendre à une poutre...
Conclusion : Décidément, les films d'horreur avec des requins pullulent de daubasses et celle-ci ne fait pas exception à la règle ! Mélangez un scénario qui ne tient tellement pas la route qu'il fait du hors-piste avec une mise en scène abominable, ajoutez des effets spéciaux péraves, saupoudrez légèrement avec un jeu d'acteur nullisime, mettez à cuire 1h 27 et vous obtenez Blue Demon ! Voici le genre de film qui fait passer Peur Bleue pour un chef-d’œuvre multi-oscarisé !
Si je lui mets 1 et non pas 0,5 c'est parce que la faiblesse de son budget le sauve de la note la plus honteuse (mais le budget n'excuse pas tout !)